mercredi 13 avril 2011

You're going to be fine


Ci-dessous la version longue d'un texte écrit pour le cours de radio. Il se trouve qu'il va avec la photo.


Se promener cimetière Montparnasse, c’est rendre visite aux morts, mais c’est aussi, forcément, rencontrer les vivants.
 Il y a ceux qui attendent leur train, en traînant leurs lourdes valises à travers les allées, les employés des pompes funèbres qui se chuchotent des plaisanteries à l’abri derrière leur corbillard, et puis ces touristes allemands qui déambulent sous le regard un peu courroucé des familles venues fleurir les tombes.
 Près du robinet, on remplit arrosoirs et bidons en échangeant quelques mots. Il y a les habitués au sourire un peu triste, et puis les nouveaux, aux yeux encore rougis.
 « Excusez-moi, monsieur, vous n‘auriez pas vu la tombe de Jean-Paul Sartre ? »
 Non, on ne l’a pas vu. Il faut dire qu’il y en a, des tombes. Entretenues ou délaissées, coquettes ou dénuées, brisées, rutilantes, kitsch, orgueilleuses parfois, comme cet obélisque majestueux, dressé comme pour défier la tour Montparnasse, que l’on aperçoit au loin. D’autres alignent fièrement les médailles, gagnées par les morts du temps où ils étaient vivants, remises par d’autres vivants, morts aujourd’hui. « Mort pour la France », mais qu’importe, puisque la France, elle, est éternelle. C’est écrit, en tout cas.
 Il y a les HLM aussi, ces caveaux de famille qui abritent, trois, quatre, cinq générations.
 Toutes ces tombes qui rappellent au visiteur que les morts qui les occupent ont aussi eu leur part dans cette comédie humaine qui se joue au-dessus d’eux.
 Une image, pour finir. Celle de cette pierre tombale, grise et quelconque. Dessus, une simple plaque dorée vient rappeler le nom de celui qui repose là. Contre elle, une peluche, blottie, comme pour le rassurer. 

(###) Comme la pluie - Alex Beaupain

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